Sensibilité des souches de probiotiques aux antibiotiques. Est-il raisonnable de les associer ?
30.03.2017
Pr Luc Dubreuil (Lille).
Les antibiotiques sont très actifs pour lutter contre les infections. Mais ils sont à l’origine de 5-39 % de diarrhées post-antibiotiques, de colites à Clostridium difficile, de pression de sélection à l’origine de souches résistantes. Les probiotiques sont une solution et figurent dans les recommandations européennes EPSGHAN. Organismes vivants et en quantité suffisante pour avoir un intérêt en santé.
L'objectif de cette étude a été de déterminer in vitro la sensibilité des souches des principaux produits probiotiques, médicaments ou compléments alimentaires, commercialisés en France, aux antibiotiques les plus utilisés en ville. Les souches étudiées présentent différents profils de sensibilité aux antibiotiques. Dans 62 % des cas (170/272), la co-administration d’un des probiotiques bactériens et d’un des 16 antibiotiques testés dans cette étude montre une sensibilité du probiotique. En limitant notre analyse aux 8 antibiotiques les plus commercialisés (amoxicilline, amoxicilline + acide clavulanique, céfuroxime, azithromycine, clarithromycine, pristinamycine, ciprofloxacine et lévofloxacine), une sensibilité des probiotiques dans 75 % des cas (102/136) est mise en évidence. Ainsi, les probiotiques bactériens étudiés sont pour la plupart sensibles aux antibiotiques les plus prescrits. La levure probiotique eucaryote Saccharomyces boulardii CNCM I-745 est, conformément à la littérature, intrinsèquement résistante à tous les antibiotiques testés.
La co-administration d’antibiotiques et de probiotiques d’origine bactérienne pourrait conduire à l’absence d’effet préventif de la diarrhée associée aux antibiotiques.
Comparée aux probiotiques bactériens, la levure d’origine fongique S. boulardii CNCM-I-745 présente l’avantage d’une possible co-prescription avec des antibiotiques oraux. Cette approche prévient simultanément l’opportunité de transfert horizontal de gènes de résistance.
Cette étude montre que les probiotiques bactériens sont généralement sensibles in vitro aux antibiotiques les plus prescrits per os. Pour le moins, une attention particulière doit être portée, en cas de co-prescription, pour s’assurer que la souche de probiotique n’est pas sensible à l’antibiotique prescrit.
