Symposium Biocodex au congrès du GFHGNP 2017. Antibiotiques chez l’enfant : quelles conséquences aujourd’hui et demain ?
31.03.2017
Pr Emmanuel Mas (hôpital des Enfants, Toulouse).
Le microbiote intestinal est divers et varié, il est maintenant considéré comme un organe à part entière qui est capable de moduler certaines fonctions de l’hôte.
La constitution de ce microbiote s’effectue au cours des premiers mois de vie pour aboutir à un microbiote stable de type adulte vers l’âge de 2-3 ans (maturation de la flore intestinale). De nombreux facteurs influencent la composition et la diversité du microbiote comme le type d’accouchement, le mode d’allaitement et l’utilisation d’antibiotiques, notamment au cours de la période critique des « 1000 premiers jours ». Le microbiote influence en particulier le métabolisme de l’hôte.
L’utilisation d’antibiotiques a des conséquences à court terme, en réduisant la diversité bactérienne du microbiote, en augmentant, par exemple, le nombre d’épisodes de diarrhée aiguë dans les pays en voie de développement ou en favorisant la survenue de colite à Clostridium difficile.
Les antibiotiques augmentent le niveau des acides sialiques libres (de l’hôte) et des acides succiniques (du microbiote) dans la lumière intestinale. L’augmentation des acides sialiques et succiniques induit l’expansion de C. difficile.
Les conséquences à moyen et long terme de l’antibiothérapie sont : 1/ au niveau métabolique, une implication dans l’obésité en favorisant une prise de poids, avant l’âge de 6 mois et lié à la récurrence des cures au cours de la 2e année de vie ; 2/ la survenue d’asthme (prescription d’antibiotiques pendant le 3e trimestre et asthme survenant avant l’âge de 5 ans), de rhinites allergiques, d’allergies ; 3/ les pathologies auto-immunes comme le diabète. Plus d’un antibiotique prescrit avant l’âge de 5 mois augmente le risque de maladie de Crohn (effet non observé dans la rectocolique hémorragique). Ce risque est d’autant plus important que la prescription intervient chez le jeune enfant (< 1 an) ; 4/ le développement neurocognitif. Ces effets peuvent être plus ou moins marqués selon les antibiotiques utilisés [Ridaura VK et al. Science. 2013;341:124-214 ; Clausen PLOS One 2016].
Il apparaît indispensable de choisir de manière appropriée l’antibiotique à utiliser et de ne l’utiliser que lorsque son indication est certaine pour limiter la survenue ultérieure de différentes pathologies, en particulier chez le nourrisson.